Texte Ismaël Aït Djafer, Collectif Les Trois Mulets | mise en scène Vincent Farasse | collaboration artistique Claire Cahen |Jeu :Ali Esmili +14 ans
Djafer n’a composé qu’un seul poème dans sa vie, et c’est celui-là.
Après, il n’a plus jamais écrit. Mais cet unique poème a marqué bon nombre d’auteurs phare de cette époque, tels que Sartre, qui publia d’ailleurs ce texte dans Les temps modernes, et Kateb Yacine.
Une farce tragique à partir d’un fait divers : le drame quotidien devenu banal d’une fillette de neuf ans tuée par son père, un mendiant algérien, à Alger, en 1949. Aït Djafer, avec un humour grinçant, renverse la perspective, et fait du meurtrier, que les juges ont considéré comme fou, un être responsable, totalement. Sa fille et lui dorment dehors, n’ont rien mangé depuis des jours entiers, il choisit de la tuer plutôt que de continuer à lui faire mener cette vie de misère. Un acte, pour Aït Djafer, responsable, un choix, qui en fait le martyre de toute une politique.
Ce poème est structuré comme un monologue. Le narrateur, en racontant l’histoire de Yasmina, réalise un parcours qui débouche sur une prise de conscience et le début d’un processus révolutionnaire. C’est à cette expérience que l’on assiste, au présent, par la mise en jeu du poème. L’acteur est seul sur plateau nu. Un théâtre brut, un théâtre d’urgence, à l’image de celle qui anime le poème. Un théâtre qui mélange les genres, le comique et le tragique, la fable populaire et le poème lyrique, sans souci des codes établis.